Introjections

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La série de photographies intitulée Introjections fait suite aux Paysages imaginaires commencés en 2000 et exposés en 2002. Les matières photographiées évoquaient alors la peau, la surface, le corps, l’éphémère de la nature. Autant de points de départ visuels qui nous invitaient par leur volontaire ambiguïté ou leur suggestivité à la découverte de nos propres paysages intérieurs.

J’ai créé les Introjections en projetant mes images sur des modèles nus, comme sur un écran. Il en résulte une fusion entre la forme et la matière, une image nouvelle, forte et troublante, parfois mystérieuse d’où n’émane pourtant ni douleur apparente ni violence mais plutôt une sombre quiétude propice à l’évasion ou à l’introspection.

Quittant la dimension anatomique, je pénètre la dimension atomique du corps dans ce qu’elle a de composé animal, végétal ou minéral. Les corps sont figés mais vivants. Ils portent les stigmates de la vie, des souffrances, de la mort. Les déchirures, les mots que l’on n’a pas su dire, les silences, les lettres que l’on n’a jamais reçues, ou jamais envoyées. Mais aussi les souvenirs d’instants heureux, l’amour, les rêves. La photo n’est plus une simple superposition de plans ou d’images pensées mais devient révélation sur la peau de la cicatrice invisible.

Le corps n’est pas seulement l’écran sur lequel la vie se projette, c’est le réceptacle sans lequel aucune vie, même la plus modeste, n’est possible. Corps aimant, corps aimé, sa présence s’impose en silence, comme un lit de feuilles mortes, mémoire des saisons qui passent. Comme un bouquet de fleurs sur la tombe d’un défunt, comme un mur entre le dedans et le dehors.

Dedans - univers intime, caché, protégé, désiré - et dehors - espace public, dévoilé au grand jour ou ouvert à la nuit - se fondent dans l’image et il nous appartient de choisir où nous voulons aller.